DING DONG.

La porte. Quoi la porte ? Elle sonne ducon. Quewaaaaaa ?

Seth se lavait les dents, il était une heure et quart du matin. Pour tout vêtement, il ne portait sur lui qu’un caleçon qu’il avait piqué au pressing du coin. Ses beaux cheveux bruns en bataille, les yeux légèrement vitreux, il s’avança d’un pas de zombi vers l’entrée. Qui pouvait vraiment venir SONNER, à cette heure-là ? Il soupira, et dire que jusqu’à maintenant il pensait que Nothing Hills était un quartier tranquille. Ça devait être Elisabeth, déjà la nuit suivante elle était passé. Il faudrait que le jeune homme en touche deux mots à son coloc, ce n’étais juste pas possible de faire subir à cette pauvre et naïve jeune fille tous ses ébats sexuels (surtout la partie audio). Bref, il appuya sur la poignée de la porte. Qui lui résista. Ah, oui, c’était fermé. Il saisit la clé dans le cendrier sur la petite table basse à côté et la tourna dans la serrure. Il poussa la porte. Qui lui résista. Ah, oui, il fallait tirer.

Dernière tentative. Il tira la porte qui s’ouvrit violemment et se la prit dans le nez. Il resta de glace quand il découvrit derrière les visages hilares du vieux tonton, de sa nouvelle conquête, et, encore plus bizarre, d’Hope. La Hope, celle qui l’embrassait sur une grande roue et qui allait au bal de la St Valentin avec ledit tonton. Elle était aussi mouillée que le lendemain où il l’avait poussé dans une fontaine. Ils étaient tous mouillés. Et Thomas avait une espèce de liquide bleu qui lui sortait par les oreilles. OK. C’était chelou.

« Heu… »

Tom appuya généreusement sur la sonnette, puis les deux blondes près de lui firent de même. Il mit ses mains dans les poches de son long manteau et attendit patiemment. Son neveu l'avait invité à venir sonner aux portes. A l'origine il ne devait pas venir ici mais chez une certaine brune, sauf qu'étant absente, il dû se trouver une roue de secour. Surtout qu'il était trempé et ses deux amies aussi, dont une qu'il aimait plus qu'amicalement.
Ils dûrent attendre un certain temps avant qu'Ambroise ne se décide à leur ouvrir. Il était élégant, en caleçon et la rage aux lèvres. On pouvait distinguer les rondeurs de son ventre plus facilement au moins. Le jeune Williams n'était pas un grand sportif et ça se voyait... à ce train-là il finirait comme son oncle. Il se pressa d'entrer et porta sa main à l'oreille.

« Tu permets ? Mon cerveau coule. »

Et, toujours en se tenant l'oreille, il entra chercha une serviette. Il ajouta à la volée :

« On a de la chance, d'habitude c'est le bleu de mes yeux qui s'épanche. Il trouva enfin de quoi empêcher, ou au moins ralentir, l'écoulement et il dit, plus fort pour que l'intéressée l'entende. Ca c'est parce que je t'ai rencontré ! C'est toujours comme ça : un homme rencontre une femme, il devient bête et ils vivent bêtement jusqu'à la fin de leur jour »

Alors qu'il parlait, le caleçon d'Ambroise devint rose barbie. L'oncle haussa des sourcils.

« Joli ! »

Pebble ne savait pas du tout ce qu'elle faisait là. Ce qu'elle savait, c'est qu'elle venait de sonner à une porte accompagnée d'une jolie blonde et d'un bel homme. Qui était son colocataire. Elle l'examina plus attentivement. Même un peu débraillé et rondouillard il était vraiment charmant. La jeune femme tourna sur elle-même et des gouttes tombèrent sur le sol. Vraiment, sa maladresse était restée avec l'âge, quelle idée de tomber dans sa baignoire. Pleine. Et de ne même pas prendre le temps de se changer pour suivre Tom, qui avait une envie subite de voir son neveu, à presque une heure du matin. De la pure folie. Mais la plus folle, c'était peut-être elle, qui l'a suivie. Sans connaître personne. Enfin quelqu'un ouvrit la porte. Apparut un jeune homme assez mignon, en caleçon, avec un très distingué coulis de salive/dentifrice qui descendait jusqu'au menton.

« Tu permets ? Mon cerveau coule. »

Pebble se retourna. En effet, on pouvait voir du cerveau de Tom couler un liquide bleu, mais qui devenait jaune quand il atteignait par terre. Étrange. Elle aimait beaucoup le jaune, cela représentait le soleil, les tournesols, la vie, la lumière.... Le cerveau de Tom avait donc la couleur de la lumière. Finalement, elle aurait peut-être pas dû reprendre du vin, ce soir. Voyant Tom entrer sans aucune gène, elle se tourna donc vers le jeune homme, lui fit la bise tout en s'essuyant après et se présenta.

« Bonsoir, je m'appelle Pebble et je suis la colocataire de Tom. Tu dois être Seth n'est-ce pas ? Tom m'a énormément parlé de toi !»

La jeune femme entra dans l'appartement, qui était plutôt bien rangé. On pouvait encore entendre le robinet de la salle de bain couler, Seth ayant dû être dérangé par les coups de sonnettes intempestifs. En voulant s'asseoir sur le canapé, elle fit rebondir les coussins. Qui se mirent à rester l'air.

« C'est intéressant »

Le beau bouclé hantait mes rêves et mes fantasmes la nuit alors que pendant la journée, il ne quittait plus mes pensées. J’étais totalement obsédée par lui. C’était mon Dieu, mon idole, mon tout. J’avais besoin de lui tout de suite. C’était en sortant de ma maison que je remarquais que mes voisins avaient fait construire une nouvelle piscine. Pour une nuit d’hiver, il faisait vraiment très chaud. J’hésitais encore une petite seconde avant de courir comme si ma vie en dépendait et de me jeter dans la piscine de mes voisins. Ce n’était que des petits vieux, ils ne se rendraient certainement compte de rien. Je me demandais si le splash que mon entrée avant fait dans l’eau n’avait pas réveillé tout le quartier. Je ris. Peu importais, je me sentais bien dans l’eau. Même si barboter dans l’eau me divertissait beaucoup, mon envie de voir Seth était devenue encore plus forte.

Une fois arrivée devant la porte de mon Adonis, je remarquais que je n’étais pas la seule à avoir eu l’idée de venir le voir. Thomas et une autre femme blonde était là. Seth mit plusieurs minutes avant de nous faire entrer. Il se prit la porte dans le nez. Je ris. Thomas fut le premier à rentrer. « Tu permets ? Mon cerveau coule. » En y regardant de plus près, je pouvais apercevoir un liquide bleu. La femme rentra également et se présenta rapidement. Je la suivais de près pour jeter mes bras autour du cou de Seth et poser mes lèvres sur les siennes. « Oh, mon roudoudou, si tu savais comme tu m’as manqué ! » Je lâchais Seth pour me diriger vers Tom. « Ca va ton cerveau ? » La couleur bleue était attirante, je ne pus m’empêcher de tremper un doigt dedans, alors que Thomas essayait de s’en débarrasser. Je reniflais mon doigt avant de le mettre en bouche. « Hmm ! C’est trop bon, ça goute le fromage ! »

« Tu permets ? Mon cerveau coule. »

« Effectivement, c’est embêtant, tu veux du sopalin ? » proposa Seth, une ride d’inquiétude se creusant sur son front. Il ne savait pas exactement s’il était plus inquiet pour son parquet flottant, que le liquide cérébral commençait à attaquer, ou bien pour son vieil oncle qui perdait littéralement l’esprit. Mais bon, à cet âge, c’était le prix à payer pour conserver une dentition parfaite ! A propos de dents, le beau brun avait lâché sa brosse qui tomba à terre avec un léger splotch. Juste à temps pour pouvoir enlacer la belle blonde qui s’était ruée sur lui avec toute la furie de son amour et qui l’embrassait sauvagement, avec une passion non feinte. Elle lui sourit.

« Oh, mon roudoudou, si tu savais comme tu m’as manqué ! »

Il allait pour lui répondre quand la compagne de son oncle lui flanqua, elle aussi un baiser (mais sur la joue restons corrects). « Bonsoir, je m'appelle Pebble et je suis la colocataire de Tom. Tu dois être Seth n'est-ce pas ? Tom m'a énormément parlé de toi !». Elle alla ensuite d’une démarche sautillante de gazelle bondir sur le canapé et faire voler les cousins. Seth sourit, attendrit. Elle était vraiment faite pour l’Ancêtre ! Ils avaient exactement la même façon d’agir, cette noblesse d’âme qu’on remarquait du premier coup d’œil ! Le pianiste essuya une petite larme, les amours naissants arrivaient à l’émouvoir comme la naissance des bébés phoques au zoo !

« Pebble, ça veut dire caillou, non ? Merci pour les coussins ! » Oui, c’était exactement ce qu’il lui fallait. Seth arriva à se hisser sur l’une des masses volantes et entreprit de changer l’ampoule. Une horreur ces machins ! Maintenant la pièce clignotait de toutes les couleurs de l’arc en ciel ! Bleu, rouge, rose, vert. « Gaaah ! » lâcha Seth, ébloui. Il le fut tellement qu’il perdit l’équilibre et qu’il tomba sur Tom. Il y avait quelque chose de changé, chez lui. Oh ! Ses cheveux avaient poussé et il arborait maintenant de magnifiques boucles blondes, une mèche noire tranchant gracieusement leur masse rebelle. Seth sourit, émerveillé. Il s’étira, et ses longs doigts heurtèrent une masse duveteuse. C’était un splendide mouton rose qui léchait le cerveau de Tom.

« Hmm ! C’est trop bon, ça goute le fromage ! » s’exclama Hope.

« Les moutons aiment le fromage tu crois, chérie ? »

« Ca va ton cerveau ? »

Thomas, s'épongeant l'oreille droite, répondit distraitement que tout allait bien, qu'il n'y avait aucun problème. Il tirait une mine déconfite, écoeuré par ce cerveau dégoulinant. C'était certes le sien, qui avait fait de lui le grand homme qu'il était, mais ce n'était pas une raison pour se laisser aller ainsi ! De plus ça salit. Un doigt reprit du liquide sur son épaule.

« Hmm ! C’est trop bon, ça a le gout de fromage ! »

Il se figea un petit temps avant de relever lentement la tête, les yeux grands ouverts d'outrance et de surprise. Chacune de ses mains se transformèrent en une tête de lion gigantesque prête à rugir et déchiqueter. Cependant, la mine adorable de la jeune femme le toucha et les lions devinrent des agneaux avant de retrouver leur forme originalle. Au lieu de la bouffer, il lança, sarcastique :

« Ca commence par le cerveau, ça finit avec le tralala ! Ma petite Hope, je t'aime beaucoup mais ça ne te rendra pas moins blonde. »

Il ne vit pas son neveu se soulever dans les airs par un coussin. Il aurait dû. Eblouit par la lumière, son chemin fut enfin éclairé. Et sa route le menait dans les bras de son oncle qui lui, n'y était pas préparé. D'ailleurs, rien ne dit que la route de l'oncle, elle, devait absolument croiser celle du neveu. Du moins c'est ce qu'il aurait aimé.
Le Seigneur auquel il ne croyait dû en vouloir au Williams pour avoir été aussi grossier avec Hope et décida de le punir. Il reçut le jeune homme et ils tombèrent ensemble au sol. Ils grognèrent à l'unisson. C'est ça l'esprit de famille.
Soudain, un bêlement hésitant entre l'aigu et le grave lui explosa les tympans alors qu'un mouton lui léchait généreusement l'oreille en le chatouillant. Thomas rit d'abord, de sa voix rauque, avant de repousser sèchement la tête de l'animal en râlant. Il se releva, s'épousseta, et écarta du pied le corps de son neveu d'un air dédaigneux, comme si ce n'était qu'un déchet. Il remarqua enfin ses boucles blondes, il hoqueta et d'un geste un peu gêné, il enleva sa perruque.
Il contourna les meubles et partit pour le canapé, où il y tomba avec fatigué. Il jeta un bref regard à Pebble. C'était toujours à cause d'elle tout ça. Au moins son cerveau avait cessé de couler, mais il était toujours aussi trempé. Pebble et Tom discutait à un moment et il l'avait suivie dans la salle de bain pour mieux l'entendre. Il n'avait eu aucune arrières-pensées : Pebble était toujours habillée, avec décence, et elle attendait simplement que son bain soit prêt. Dieu seul sait comment, elle avait perdu pied et avait commencé à chuter. Elle avait attrapé la manche de Thomas qui était tombé dans la foulée avec elle.
Un homme rencontre une femme, il devient bête et ils vivent bêtement jusqu'à la fin de leurs jours. Il fronça des sourcils alors.

« Pourquoi tes yeux changent de couleur ? »

Les iris de la jolie blonde étaient devenus rouge carmin. Ce n'était pas moche, c'était suffisamment foncé pour que cela lui donne plus un coté précieux que ridicule. Il se souvint qu'une fois, au coin d'une rue de Londres, il avait croisé un punk aux yeux blancs. Des lentilles bien sûr mais ça l'avait marqué.

« Bref, la prochaine fois que ma beauté éblouissante te fait perdre la tête et l'équilibre, préviens-moi... histoire qu'on finisse pas comme des poules... »

Après cette déclaration fort humouristique, Tom regarda ailleurs. Ce n'était pas que Pebble le dérangeait, c'était tout à fait le contraire et c'était ça qui le dérangeait. Elle avait ses mèches folles, ses fossettes et son regard.

Spoiler:

« Pebble, ça veut dire caillou, non ? Merci pour les coussins ! »

La jeune femme s'esclaffa. Cela faisait longtemps qu'on ne lui avait pas rappelé la traduction de son prénom, depuis au moins...10 ans. Elle le regarda monter sur ses coussins, avant de transformer son appartement en discothèque, avec différents jeux de lumières. Elle voyait du bleu, du rouge et même des tâches de violets. Décidément le neveu de Tom savait mettre l'ambiance. Elle s'allongea un peu plus sur le canapé, la tête commençant à vraiment lui tourner. Elle ne tenait pas vraiment pas l'alcool. Les coussins flottants commençant à trembler aussi, Seth tomba, amorti par son oncle. Encore heureux que celui-ci ait quelques rondeurs.

« Ca commence par le cerveau, ça finit avec le tralala ! Ma petite Hope, je t'aime beaucoup mais ça ne te rendra pas moins blonde. »

Pebble sourit. C'est vrai que comparer le cerveau de Tom à du fromage, même si cela n'en a que le goût, n'était pas une bonne idée. La fureur de son colocataire éclata puisqu'il se transforma en lion, un beau lion majestueux prêt à manger sa proie. Mais quelque chose se passa puisqu'il se transforma en agneau pour reprendre sa forme originelle. Vraiment touchante, cette scène.
Elle se cala mieux dans le canapé et entendit derrière elle un gros bruit de baiser. Qu'est-ce que c'était beau, les amours de jeunesse, la jeune femme s'en souviendra toute sa vie. C'est fougueux, on croit pouvoir tout réussir, décrocher les étoiles, marcher sur la lune, mais c'est aussi...extrêmement douloureux. Je crois que j'ai encore besoin de vin. La femme voulut se lever puis se rassit immédiatement en voyant Tom s'affaler à côté d'elle. Il la regardait avec un petit sourire moqueur. Ce sourire la faisait craquer. Vraiment, craquer sur son colocataire n'était pas dans ses plans. Soudain, la tirant de ses pensées, quelque chose la fit sursauter, elle sentit une certaine masse chaude sur ses pieds. C'était un magnifique mouton rose. Surprise, elle fourra ses pieds contre la bête. Elle avait froid, cette bestiole tombait bien. Se retournant pour regarder Tom, elle ne put pas s'empêcher de scruter ses yeux bleus. Yeux verts, yeux de vipères, yeux bleus...yeux d'amoureux.

« Pourquoi tes yeux changent de couleur ? »

La jeune femme rigola ouvertement. En fait, mine de rien, Tom aussi avait pas mal bu à cette soirée. Mais quelle soirée. Cela avait mal commencé, Tom ayant commencé à grogner contre les prix qui augmentaient, non pas qu'il ait des problèmes d'argent, loin de là, après tout, c'était un Williams. Mais comme tous les vieux riches, on devient radin au fil de l'âge.
Mais Pebble savait que c'était pour plaisanter, seulement une façade, Tom était vraiment très généreux, que cela soit avec ses neveux, ou même avec les sans-abris qui peuplaient les rues.

« Tu ne savais pas ? En fait je suis un vampire dans ce film pour les jeunes, ou l'acteur principal scintille comme une boule à facette. Leurs yeux changent de couleurs quand ils ont faim. »

Pebble vit Tom bouger, son sourire s'agrandissant.

« Bref, la prochaine fois que ma beauté éblouissante te fait perdre la tête et l'équilibre, préviens-moi... histoire qu'on finisse pas comme des poules... »

En parlant de poule, la tête de Tom en devint une, puis repris son état normal. Vraiment effrayant ces hallucinations. En réaction à cette boutade, la jeune femme essaya de le frapper de son petit poing sur le torse, mais se loupa et tomba sur lui. Vraiment, la chaleur corporelle d'un homme était toujours surprenant, mais tellement agréable. Sans aucune gêne, la jeune femme se cala entre les bras de Tom et posa la tête sur son torse. Une certaine apathie monta en elle, elle n'avait plus froid. La jeune femme se sentait en sécurité.

« Tiens, vengeance. Et je t'interdis de me déloger, d'accord ? » lui lança t-elle avec un grand sourire, ses yeux pétillants de malice.

Mathias était fier. Fier du cadeau qu'il avait lui même confectionné pour le faux anniversaire de Seth. Il termina de l'emballer avec des tranches de jambon et se rendit chez son ami grâce à son pouvoir de téléportation. Le voyage fût plutôt long car les lignes de transport étaient plutôt occupées ces temps ci.
Il sonna à la porte et attendit patiemment en se passant la langue sur ses gencives. Quand Seth ouvrit, il leva le cadeau à hauteur de ses yeux et dit avec une énorme sourire de rien : « BON CHANNIVERCHAIRE MON POTO ! »
Il entra et attendit que Seth découvre le magnifique et incroyable cadeau fait avec amour : un collier fabriqué avec ses propres dents et des pâtes. Il prit son air d'artiste qu'il savait si bien faire et déclara : « Ch'est beau, ch'est stylé, cha vaut cher, ch'est ma dentichion alors fais y attenchion. »
Il ouvrit le petit fermoir et mit avec soin le collier autour du cou de son ami. « Cha te va très bien. »

Il se dirigea ensuite vers le salon et chalua les autres. « Bonchoir, bonchoir ! »
Il leur fit un beau sourire dévoilant ses parfaites gencives et détourna son regard auprès de Seth qui arborait fièrement son nouveau bijou.

Thomas avait fait une réflexion que je n’avais pas comprise. Je préférais laisser tomber plutôt que de relever. Ca n’avait pas l’air très gentil. Le goût de fromage du cerveau de Tom m’avait ouvert l’appétit. Je quittais la pièce pour me diriger vers la cuisine. J’ouvrais le frigo et trouvais plusieurs bocaux en plastique qui contenaient des cerveaux humains, tous de couleurs différentes. Je saisis celui qui était le plus proche de moi, un vert. Je mordis dedans. C’était bien ce que je pensais : un cerveau goût pomme.

Je repartis vers le salon. « Hé, j’ai trouvé un cerveau à la pomme, quelqu’un en … » Je m’arrêtais en découvrant les deux Williams par terre avec un mouton rose à côté d’eux. Je sautais sur l’animal et le serrait dans mes bras. « OH. C’EST TROP MIGNON. » Je le serrai tellement fort que le mouton disparu avec un pouuuf, en ne laissant derrière lui qu’un nuage de fumées roses. « Oh non, il est partit trop vite le mouton. »

Soudain, quelqu’un sonna à la porte. Je me relevais d’un bond, prête à me battre contre l’inconnu derrière la porte. « Bonchoir, bonchoir » Oh, ce n’était que Mathias, le colocataire d’Aaron. Je ne le connaissais pas, mais j’avais eu l’occasion de le croiser une ou deux fois. Il nous sourit. Il n’avait plus de dents. « Salut toi. Oh ! Sans tes dents, t’es trop mignon ! ON DIRAIT UN BEBE GEANT. » A peine avais-je terminé ma phrase que les vêtements du nouveau venu disparurent pour faire place à une couche géante.

« Tu ne savais pas ? En fait je suis un vampire dans ce film pour les jeunes, ou l'acteur principal scintille comme une boule à facette. Leurs yeux changent de couleurs quand ils ont faim. »

Thomas hocha mollement la tête, comme si c'était normal. Dans un rêve, tout semble normal. Un gros bêlement gronda et un mouton malade tomba aux pieds des deux quarantenaires. Tom râla, énervé contre l'animal.

« Encore là toi ?!»

Il se retint de foutre un coup de pied dans la bête, puis il se dit que ça n'aurait pas beaucoup d'effet. Ce mouton devait être tellement bête qu'il prendrait ça pour une marque d'autorité (ce qui ne serait pas totalement idiot) et il se collerait à lui, en signe de soumission. Les moutons sont des lèche-cul, il ont la taille parfaite pour ça ! Après le cerveau, l'esprit donc, le cul, autrement dit la chair. Ce que c'est bête un mouton. Il cessa de jeter de lui de regards mauvais et revint vers les beaux yeux de Pebble. Quand elle a faim, donc... ? Il ironisa :

« D'accord, ça me va. Tant que c'est pas moi qui te fait saliver, ça roule. »

Il y eu un petit silence avant que Thomas ne se rende compte que sa réponse était particulièrement ambigue. Il pouffa.

Un poing risqua de venir lui fracasser le sternum mais il glissa, au contraire, et une tête blonde s'affala sur son torse. Tranquillement, Pebble s'installa, sans aucune timidité. Il rigola :

« - Ben vas-y fais comme chez toi ! Avouons que ça ne lui déplaisait pas.
- Tiens, vengeance. Il haussa ses sourcils, faussement outré. Et je t'interdis de me déloger, d'accord ? »

Il ne dit rien et ne tenta pas plus. Il jeta un regard derrière lui.

« Bientôt 46 ans et j'arrive encore à pécho ! Quelle classe, moi je te le dis. », dit-il à son neveu en souriant. Les deux hommes se ressemblaient beaucoup plus qu'on ne le pensait. Bien que distingué, Tom savait prendre la vie avec humour et Seth avec légèreté. Seth les laissa pour dégonder la porte et Tom et Pebble se retrouvèrent seul.

Soudain... une idée vint au journaliste. Il hésitait un peu à la concrétiser. Elle était bien là, Pebble contre lui. Il regarda sa main posée sur l'épaule de la jeune femme. Oh ! Aller, rions ! Il la prit délicatement par les épaules et très simplement, il l'écarta, la décollant son torse. En plus il avait toujours manteau, c'était assez inconfortable. Mais plaisant avouons-le. Il la regarda, curieux de voir ce qu'elle allait lui faire. Lentement, un grand sourire naquit, à la fois ravi et provocant. S'il avait réfléchit un peu plus, il n'aurait pas fait ça : Pebble pourrait mal le prendre et ne voudrait plus qu'il l'approche. Sauf que Thomas venait quand même de voir s'écouler la moitié de son cerveau...
Du mouton ou de Thomas, en cette nuit d'hiver, on avait des doutes sur lequel était le plus con.

Il n'entendait plus la voix de Hope, il en conclut qu'elle n'était plus dans le salon. Pendant ce temps-ci, Seth chouinait dans les bras de Mathias, le nouveau venu. Alors qu'un cerveau à la pomme était mangé, un jeune homme entrait dans un aquarium et un bébé de plus de 20 ans restait planté sur le parquet. Il ne quittait pas des yeux Pebble, cherchant la faille, guettant le bondissement de la bête. Il prévient quand même, un tantinet inquiet :

« Mathias, sors-le de l'eau. Mon neveu est tellement bête qu'il pourrait se noyer. »

Hope prononça une phrase, transformant Mathias en un ridicule bébé géant. Ce dernier fronça les sourcils, n’aimant pas du tout sa nouvelle apparence. « Ah oui.. tu aimes auchant les bébés que cha? » Il claqua les doigts juste après avec parlé, laissant Hope assise sur une chaise, enceinte de huit enfants en même temps. « Amuche toi bien ! », lança - t - il en lui adressant l’un de ses plus beau sourire d’édenté. « J’echpère que tu auras de l’inchpirachion pour les prénoms de tes enfants ! » Il laissa Hope sur sa chaise, incapable de se relever, et fut interpellé par Thomas qui lui demanda d’aller chercher Seth. « Mathias, sors-le de l'eau. Mon neveu est tellement bête qu'il pourrait se noyer. » Il lui adressa un regard compréhensif, puis se dirigea vers la cuisine pour venir au secours de son ami. Au lieu de l’aider à sortir de la piscine, il fût lui aussi complètement hypnotisé par le bel animal, et sauta dans l’eau pour le voir d’un peu plus près. C’était une très belle bête, la courbe de son dos était une courbe des plus régulière. Son aileron était de taille parfaite. Ses yeux de la couleur gris perle envoûtaient entièrement Mathias. C’était clair : il avait eu le coup de foudre pour Flipper. Déjà de beaux projets fleurissaient dans sa tête : un mariage, un aquarium géant avec plusieurs étages pour y vivre, des enfants. Le bonheur tout simplement. Il prit sa respiration et descendit sous l’eau claire.

« Ah oui.. tu aimes auchant les bébés que cha? » Mathias claqua des doigts. Je sentais mon ventre grossir et devenir plus lourd. Beaucoup plus lourd. Mon ventre ne cessait pas de gonfler, je me demandais si je n’allais pas exploser. Je baissais les yeux, je ne voyais plus mes pieds. « Amuche toi bien ! » Les larmes me montèrent aux yeux. J’essayais d’articuler entre deux sanglots. « Je … suis … désolée. » Je ne comprenais pas pourquoi je pleurais. Je me sentais heureuse, pleine de vie d’un côté et de l’autre, je me sentais triste. « Les … Les hormones … surement. » J’essayais de me relever, avec peine. J’appuyais mon bras sur le dossier de la chaise pour me relever et tenir sur mes deux jambes, mais je n’y arrivais pas. Après plusieurs tentatives, la chaise se renversa en arrière. Je me retrouvais sur le dos. Soudainement, la pièce s’inclina sur le côté de 30°. Je me sentais rouler sur le paquet. Je ne voyais plus rien, je roulais trop vite pour ça. « Heeeeeu … Quelqu’un veeeut-il bieeen m’arrêêêêteeer, s’il vous plaaaaît ?! Je n’peeeense paaaas que ça soiiit très booooon pour leeees bébééééés ! » Je ne savais pas vers quelle pièce je roulais, mais j’atterri dans l’eau. Certainement la fameuse piscine magique de Seth qu’il n’avait jamais voulu me montrer car elle cachait un secret. Je flottais à la surface et remarquais que j’avais inondé la pièce au passage, telle une baleine. Je crois qu’il y avait quelqu’un sous moi, dans l’eau. J’aurai bien vérifié qui si le fait de me retourner ne me demandait pas un effort sur-humain.

« Je … suis … désolée. » Thomas haussa des sourcils. Elle n'avait pas à être désolée, on n'a pas à mettre les gens en cloque comme ça, c'était totalement impoli. Carrément indécent. Franchement. Pourquoi se prend-t-il ? Il ne dit rien pour autant. Devant lui se tenait l'une des plus splendides femmes que la Terre ait connues. Sa peau ambrée était délicatement creusée de fossettes adorables qu’on voudrait embrasser. Ses yeux océan où nageaient des sirènes avaient une eau si belle qu’il voudrait pouvoir s’y baigner. Son sourire attirait les lèvres du journaliste comme le feu un papillon, il avait envie de poser ses grandes mains sur le visage anguleux de l’actrice et de se perdre dans la nuit avec elle. Mais soudain, un sombre évènement tâcha cet avenir idyllique, un avenir qu’il aurait aimé voir prendre vie. Sauf que c’était sans compter, l’horreur de la réalité : la pièce tournait. Il se sentit partir, loin de sa belle. Son cœur failli le lâcher. Il fut extirpé du canapé et la loi affreusement gravitationnelle le plaqua contre le mur. Ce ne fut pas trop douloureux, rien de grave. Ca restait néanmoins peu agréable. Il vit Hope rouler à toute vitesse dans l’autre pièce.
« Heeeeeu … Quelqu’un veeeut-il bieeen m’arrêêêêteeer, s’il vous plaaaaît ?! Je n’peeeense paaaas que ça soiiit très booooon pour leeees bébééééés ! » Ah parce qu’il y en a plusieurs ? Coquine ! Il regarda alors de nouveau devant lui, il vit venir Pebble à son tour. Emportée par le centre de la Terre, elle tomba prêt de lui. Au premier abord, elle ne dû pas se faire. Du moins le pensa-t-il. Du moins espérait-il. Il la prit par le bras pour la mettre debout. « Ca va ? Rien de casser ? » Ils étaient obligés de rester plaquer contre le mur s’ils ne voulaient pas repartir de nouveau. En y réfléchissant à deux fois, ils pouvaient partir où il veut, tant qu’il est avec elle tout va bien. Il la prit dans ses bras « Ma pauvre chérie, t’as dû te faire mal ». Mais ce devait être le contraire non ? Du moins le pensa-t-il. Du moins l’espérait-il.