Vois-tu, je pense qu’il y a de catégories de gens. Les loosers, et les vainqueurs, il ne reste plus qu’à savoir dans quelle catégorie tu veux être. Bien-sûr, le commun des mortels se retrouve dans les tréfonds désinfectés de Looseland, pourquoi donc ? La sélection naturelle mon petit, la sélection naturelle. Mais, ne parlons pas de ces petites gens, de ceux qui ont raté leurs vies. On est là pour parler de moi, non ? Alors ne perdons pas notre temps !
Je porte le doux nom de Nathanaël Andrew Freddy Stuart, mais ceux qui ont l’honneur de m’appeler familièrement raccourcissent en Nathan ou Andrew. Quand je me présente, on me demande souvent si mon nom de famille est en rapport avec l’ancienne dynastie royale d’Angleterre : les Stuart. Même si mon paternel l’a toujours nié, je suis intimement convaincu que c’est bel et bien du sang de cette monarchie qui coule dans mes veines. On ne peut le rater, mon charisme naturel et tout ce qu’il y a à côté. C’est d’ailleurs grâce à mon physique et à mon indéniable talent que depuis mon plus jeune âge, j’ai décidé de devenir acteur. Je suis doué pour la comédie, infiniment plus doué que ces espèces de stars du porno qui se voient obligés de se filmer pendant leurs ébats pour tenter de se faire remarquer par le premier producteur Hollywoodien. Moi, j’ai du potentiel. Moi, j’ai décroché un contrat quand j’avais à peine seize ans pour apparaître dans la série américaine à succès Newport Beach. J’y ai joué pendant trois épisodes de la saison deux, ce fut un contrat en or, l’évènement déclencheur d’une carrière qui allait devenir internationale et me mener à tous les tapis rouges ! Après cette apparition télévisée, tous les producteurs me demandaient. David F, Martin S, Timmy B… enfin, vous voyez, ils n’avaient pu oublier ce visage qui était mien, qui pourrait les blâmer ? Malheureusement, pour les besoins d’une éducation complète qu’actuellement, beaucoup de jeunes de banlieues défavorisées n’ont pas reçu, je fus obligé à mon grand damne de refuser tous ces contrats. Mon père m’obligea à finir mes études et à décrocher un diplôme avant de me lancer dans cette grande aventure, pleine de strass, paillettes, flashs et statuettes dorées. C’était ce que ma mère aurait voulu, d’après lui.
Ma mère, ah, je ne préfère rester discret sur la seule tâche d’ombre d’une vie qui pouvait pourtant être idyllique. Comme les héros de romans, la femme qui m’a donné la vie est morte peu après son accouchement. Je ne l’ai jamais connue, mais son souvenir, son portrait que mon père, pendant toute ma vie a dressé… c’était sans nul doute une femme d’exception. De toute façon il ne peut en être autrement, je tiens d’elle ! C’est pourquoi j’ai très mal accepté le fait que mon père se remarie si vite. En à peine huit ans, il avait réussi à faire le deuil de ma mère et à se remarier avec une femme qui ne lui arrivait même pas à la cheville. Je fus contraint de dire au revoir à ma vie paisible, à l’Angleterre, pour déménager avec la nouvelle concubine de mon père et son fils homo. Enfin, à l’époque, on ne savait pas encore exactement quelle orientation sexuelle Raphaël avait, mais, croyez-moi, un garçon de huit ans qui demande le palais de Barbie et Ken pour son Noël, c’est quand même louche.
Ah, Raphaël… la mère Williams aura au moins fait quelque chose d’honorable dans sa vie, même si coucher à dix-sept ans et oublier de mettre un préservatif tient plutôt de l’oubli que d’autre chose. Enfin, c’est comme ça qu’elle a fait Raphaël. Petit, c’était un enfant charmant. Calme, persécuté par son imbécile de cousin, allégrement séduit par moi-même. Raph, c’était la victime de la famille. On se jouait beaucoup de lui, et, encore aujourd’hui, je m’amuse de la crainte que j’aime à provoquer chez ce brave garçon. Je considère l’inceste comme le péché ultime, et puisque je suis déjà voué à l’enfer, pourquoi s’en priver ? Maintenant que Raphaël et moi sommes dans la même ville, je compte bien arriver à mes fins. Au grand projet que je travaille depuis mes neuf ans : le mettre dans mon lit King’s Size.
Mais ce petit paragraphe pourrait prêter à confusion. Non, je ne suis pas gay. Enfin, si. A moitié. Je ne rejette personne, sexuellement, je suis des plus… ouvert. Et le monde ne s’en plaint pas ! Il faut se montrer généreux dans la vie, hommes, femmes, de nos jours les deux sexes se valent. Le sexisme c’est mal mes petits, très mal. Bref, je ne suis pas là pour vous faire la leçon, vos croyances vous regardent. Continuons, dans l’épopée de mon existence.
J’en étais au moment où je continuais l’école. Au lycée, j’étais celui dont on s’écartait dès qu’on voyait les reflets dorés de mes superbes cheveux. Un jour même, une fille a pleuré parce que j’avais eu la miséricorde de lui sourire ! Les profs aussi. Tous étaient dans ma poche. Personne n’a cru la petite Andy quand elle m’avait accusé d’avoir payé quelqu’un pour passer mes examens à ma place. Non, c’était complètement faux en plus. Joshua l’avait fait gratuitement !
Est-il utile de préciser que j’ai eu mon diplôme haut la main ? Avec une mention d’excellence ? Grâce à ça (merci Josh), j’ai pu entrer dans un cursus d’Art Dramatique dans une école très réputée de Londres. Et peu importe si cette mocheté de Tina O’Neil m’en veut pour l’avoir remplacée à la dernière minute par un sosie de Blake Lively dans notre projet de première année (nous devions monter la pièce de Roméo et Juliette, devinez qui faisait quoi) ! Maintenant je suis en dernière année, et dans peu de temps, je pourrais enfin briller. J’entends le murmure de la foule qui scande mon nom, elle est juste là, derrière la baie vitrée de mon duplexe en centre-ville, et ne ment pas. Je sais que tu en fais partie.

Le témoignage précédent est à prendre avec des pincettes, en effet, le sujet participait à une étude sur la mythomanie, il est donc fort possible que des propos soient erronés ou incorrects.

• COMMENT AVEZ VOUS CONNU LE FORUM : Alors heu... par ... heu... Attends, c'était quoi la question ?
• MOT DE LA FIN : Quoi ? Tu crois que je t'aime ? Je préfère encore manger l'épluchure d'une banane qui a moisie trois jours durant sous le lit de cet abruti de Williams !